Leslie DE BONT et Delphine SANGU - Introduction

Leslie DE BONT
leslie.debont@univ-nantes.fr
Nantes Université, Centre de recherche sur les identités, les nations et l’interculturalité, CRINI, UR1162, F-44000 Nantes, France

Delphine SANGU
delphine.sangu@univ-nantes.fr
Nantes Université, Centre de recherche sur les identités, les nations et l’interculturalité, CRINI, UR1162, F-44000 Nantes, France

Le présent numéro repose sur une sélection des travaux qui ont été présentés dans le cadre du séminaire interdisciplinaire PAGE (Pratiques, discours et représentations de la norme : une Approche GenréE), sur des questions de normes et de représentations des corps entre 2019 et 2022. Créé en mars 2019 par Émilie Hamon-Lehours et Delphine Sangu, PAGE est rattaché à l’UR 1162 CRINI (Centre de Recherche sur les Identités, les Nations et l’Interculturalité) et s’inscrit également dans le cluster « Gender » à Nantes Université. Son objectif est d’interroger les rapports de genre à travers l’analyse de discours normatifs (textes de loi en particulier), de pratiques sociales (jeux vidéo, application de dating, travail domestique par exemple) et de leurs représentations artistiques par exemple en littérature et dans les arts visuels. Depuis 2019, les communications ont ainsi proposé de réinterroger les masculinités ou d’identifier les phénomènes sous-jacents aux rôles de genre, comme la performativité de la langue, d’après le modèle butlerien ou les mécanismes de domination et de reproduction. En se penchant aussi sur les œuvres et les actes d’artistes féminines, souvent oubliées ou méconnues, PAGE s’est aussi inséré dans les réflexions contemporaines sur la création de matrimoines, en lien avec les différentes aires linguistiques et culturelles étudiées au CRINI. Les séances ont eu lieu en français, en anglais, en espagnol et en italien et ont permis de confronter les approches en mettant chaque fois en regard les travaux de deux expert.es issus de disciplines différentes. Profondément pluridisciplinaire, PAGE a ainsi réuni des chercheurs et chercheuses en sociologie, psychologie, droit, éthique, lettres modernes, histoire de l’art, linguistique, anglistique, études hispanophones, études italiennes, traductologie, sciences et techniques des activités physiques et sportives, ou encore informatique et humanités numériques.

Le numéro donne ainsi un premier aperçu de ces travaux en proposant d’étudier les normes de genre à l’épreuve de la représentation des corps de 1850 à nos jours. L’institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE : European Institute for Gender Equality) définit les normes de genre (« gender norms ») ainsi : « standards et attentes auxquels les hommes et les femmes tendent à se conformer faisant partie d’un ensemble définissant une société, culture ou communauté donnée à une époque précise »[1]. La norme pose la question du modèle, du groupe de référence, de la moyenne, de la pérennité et de la régularité, qui appellent autant de corollaires négatifs, exceptionnels, particuliers et singuliers. Si les définitions des normes de genre varient selon les disciplines universitaires, un aspect commun peut néanmoins être mis en évidence : « les normes de genre se définissent comme des rôles et des stéréotypes appliqués au genre qui sont construits et acceptés en société » (Spencer 2015, §2[2]). Cette notion englobe aussi la question du rôle social et du stéréotype ; elle permet également de considérer les représentations, réactions, attentes ou attendus de groupes et de communautés. La question de la norme, et celle des normes sociales en particulier, a fait l’objet de très nombreuses publications en sociologie (Cislaghi & Heise 2019), en psychologie sociale, mais aussi en droit, en linguistique, en économie et en études culturelles. Pour autant, la norme n’est ni pleinement la règle ni seulement le cadre, et elle demeure ainsi centrale aux études de genre, dont le positionnement pluridisciplinaire est particulièrement productif pour étudier les écarts et les conséquences induites par les représentations.

Les contributions étudient des normes de genre commerciales, juridiques, médicales ou esthétiques non pas dans leur seule dimension prescriptive mais bien dans la manière dont celles-ci sont adaptées ou mises à mal par l’acte de représentation ; a contrario, il s’agit aussi d’étudier les enjeux et les conséquences de ces normes sur les corps ainsi représentés. Le numéro vise à étudier les figurations, animations, écritures, mises en scène et mises en mots de corps non-normés, venant réinterroger les façons dont le genre écrit le corps et inversement, les manières dont le corps informe, met à mal ou peut nourrir le genre ou l’expression genrée. Chacun des travaux rassemblés dans ce numéro s’interroge sur les représentations et les enjeux de l’expérience subjective de ces corps genrés face à des normes, attentes et pratiques sociales et culturelles qu’il s’agira bien, dans un premier temps, de définir plus précisément, en fonction des contextes culturels et historiques en jeu, et de questionner plus avant. L’acte de représentation est ici entendu au sens large et inclura la figuration des corps dans les jeux vidéo, leur désignation dans les textes de loi, leur mise en scène et la performance, notamment musicale, et enfin, l’acte d’écriture sous-tendant la mise en récit. Pour le dire autrement, sont étudiées dans ce numéro les « situation d’art » (Macé 30) mais aussi les représentations induites par la langue juridique ou l’animation vidéoludique venant prolonger, en portant sur l’ère contemporaine, certaines des questions identifiées par la fiction, comme le montrent les premiers articles du numéro. Il y est en outre question de corps objectifiés, non-conformes, subalternes, souffrants ou maltraités mais aussi de corps maternels ou enceints, tels qu’ils sont nommés, représentés, animés, ou encore incarnés dans l’art, la littérature, les jeux vidéo ou les performances scéniques.

Si le numéro fait la part belle à la littérature anglophone, il reste néanmoins composé de contributions profondément interdisciplinaires qui allient études sérielles, psychanalyse, histoire sociale ou encore études civilisationnistes. De plus, trois articles de linguistique, psychologie et performance studies viennent compléter les approches et montrent la vivacité et l’ouverture des nouvelles recherches nantaises sur les études de genre et les études féminines en particulier. S’inscrivant dans le champ foisonnant des « studies » et de leurs nouvelles épistémologies (Monteil et Romerio 2017), ce numéro fait dialoguer les champs littéraires avec diverses études francophones issues des Sciences Humaines et Sociales, telles celle de Laurence Guyard et Aurélia Mardon, Le corps à l’épreuve du genre, entre normes et pratiques, 2010.

Car il ne s’agira pas ici systématiquement de questionner l’identité de genre, le binarisme ou le transgenre, l’enjeu est bien d’examiner comment les corps sont perçus, écrits, vécus ou figurés à l’aune des normes de genre, explicites et implicites, posées et véhiculées par les cadres sociaux, historiques, institutionnels voire esthétiques. Si la majorité des articles portent sur des expressions et représentations féminines, « il s’agit [d’un] point d’achoppement traditionnel des études sur le genre dont la cause est à chercher du côté de la valence différentielle des genres » (Olivesi 6). Ainsi la double question des corps féminins et des écritures féminines constitue-t-elle un sujet majeur de la critique féministe largement convoquée dans ce numéro, et nombre d’articles s’appuient sur les écrits de référence de Julia Kristeva, Hélène Cixous, Luce Irigaray, Judith Butler, ou Toril Moi. Les études sur des corps féminins monstrueux, indociles ou ayant leurs langages et logiques propres affinent l’étiquette freudienne de « continent noir » en proposant autant de pistes qui révèlent les complexités des écritures des corps féminins et, plus généralement, des regards féminins (en lien avec les travaux pionniers de Laura Mulvey sur l’influence du regard masculin) démontrant que la littérature aide à penser, et dialogue avec les théorisations les plus fines. Les écritures postcoloniales et non-hégémoniques viennent questionner encore plus finement les postulats classiques et nous suggèrent par exemple, que la singularité féminine, telle qu’elle a été récemment étudiée par Ronjaunee Chatterjee (2022), ne s’exprime non pas uniquement dans une individuation, mais aussi dans une singularité corporelle : « to look at gender and sexuality […] is to grapple with those terms’ intimacy with racialization » (Chatterjee 155 ; voir également Stoler 2010 et Schuller 2018). Aussi un positionnement à l’intersection des questions raciales et genrées vient enrichir les théories de l’écriture féminine ainsi que le questionnement sur la pertinence de catégorisations normatives, qui portent autant sur les corps et le genre, que sur les questions esthétiques. En français, faut-il le rappeler, le substantif « genre » fait aussi référence à une catégorie esthétique et plusieurs analyses de ce numéro reviennent également sur les dimensions normatives de certains corpus.

Le droit et la linguistique viennent à leur tour interroger les normes de genre et rappellent les liens étroits entre la langue et le corps, l’importance de l’acte de nommer et de la disponibilité d’une terminologie adéquate, inclusive, donnant voix au chapitre aux impensés et protégeant les individus et leurs corps. Les travaux d’Éliane Viennot ou de Benjamin Moron-Puech par exemple aident ainsi à penser les interactions entre la langue, le corps, le genre, et les normes et pratiques sociales et juridiques. De même, ceux de la philosophe Martha Nussbaum sur l’objectivisation des corps sous le regard masculin ou sur le soin et la relation à autrui sont cités à plusieurs reprises dans les articles de ce numéro, tant ils s’avèrent être des sources précieuses pour problématiser et scruter les sujets qui nous intéressent ici. En effet, plusieurs chercheuses proposent une étude de corps souffrants, handicapés ou médicalisés, féminins et masculins qu’il s’agit de lire à l’intersection des études sur le genre et des disability studies (en particulier les travaux de Thomas Gerschick et d’Ato Quayson) ou des humanités médicales par exemple. Enfin, on retrouvera de fréquentes références critiques issues de l’affect theory permettant de penser les représentations de l’expérience subjective du corps genré face à un corpus de normes contextuelles.

Nous avons fait le choix d’une approche diachronique, qui montre l’émergence de ces questions au fils des textes, des pratiques sociales et des productions culturelles. La première contribution intitulée « Corps de la mère et écriture féminine : l’élaboration d’une “langue maternelle” dans Lizzie Leigh (1850) d’Elizabeth Gaskell » d’Aude Petit Marquis. Dans le second article, « ‘On Being Ill’ : écritures de la maladie et du soin dans trois romans féminins de l’intermodernisme », Leslie de Bont prend comme point de départ l’essai de Virginia Woolf sur la maladie et montre comment trois romans de l’entre-deux guerres britannique relèvent le défi woolfien d’une représentation incarnée, sensible et genrée, de la maladie et du soin. Sanna Melin Schyllert expose, pour sa part, une analyse de corps masculins difformes ou non-conformes dans trois romans de Kurt Vonnegut, Cat’s Cradle (1963), Slaughterhouse-Five (1969) et Slapstick (1976) : mettant en parallèle la variété de représentations de corps masculins avec la conformité des rôles de genre qui sont en jeu dans le roman, elle envisage la création d’une communauté masculine grâce au sacrifice, en lien avec les théories de René Girard. L’article suivant, de Mérile Chancia Mbang Mba Aki, porte sur le roman Eva’s Man (1976) de l’écrivaine afro-américaine Gayl Jones, et montre la complexité des écritures corporelles féminines noires, à l’aune du mythe de la méduse, en contextualisant l’œuvre de Jones par rapport au « Black Arts Movement » d’Amiri Baraka, qui a œuvré pour une réhabilitation de la subjectivité noire américaine, et en s’appuyant sur une critique psychanalytique. Puis, Catherine Girodet se concentre sur les trois premiers albums (1992-1995) de l’autrice-compositrice-interprète britannique PJ Harvey, et plus particulièrement sur la manière dont l’artiste compose avec les discours de genre de la culture rock dont elle est issue pour mettre à mal les conventions de la féminité tout en parodiant les normes de genre. Marion Letellier propose ensuite une analyse de la nouvelle de Jeanette Winterson, « The Poetics of Sex » (1993) comme tentative féminine de réappropriation de l’érotisme à travers une étude de la mise en scène du corps féminin en lien avec les références à Sappho et à Picasso, qui structurent la nouvelle et donnent à l’écriture des corps féminins un horizon inédit. Puis, dans « Le Massacre dans la peau : Corps et corpus dans The Farming of Bones d’Edwige Danticat » Derne Darelle Moutoula Niengou nous livre sa lecture du roman paru en 1998 venant réécrire le massacre des Haïtiens de 1937, à la lumière non pas tant de son caractère testimonial, mais bien davantage de son insertion dans un corpus littéraire haïtien féminin, en étudiant la désintégration du corps fictif comme une manière de « transcender les notions de race et de genre telles qu’elles sont déployées dans le champ littéraire étatsunien ».

Dans leur revue de la littérature scientifique produite par la recherche en psychologie sociale, Elisa Sarda et Clémentine Bry rapportent les principaux résultats empiriques portant sur l’influence des jeux vidéo à contenu sexiste (les jeux vidéo dans lesquels les femmes sont représentées comme des objets sexuels et/ou sont victimes de comportements sexistes) sur les phénomènes d’objectification des femmes, c’est-à-dire la limitation à « l’apparence physique ou à sa capacité d’attraction sexuelle, à l’exclusion d’autres caractéristiques, comme ses compétences ou sa personnalité » (Volpato 2011). Selon les études disponibles, est-ce que le fait de jouer avec un avatar féminin objectifié ou avec un personnage masculin sexiste a une conséquence sur les perceptions et les comportements des joueurs et des joueuses ? Enfin, Elena Mascarenhas a modélisé quatre formes d’écritures inclusives (la forme épicène, la parité linguistique, le point médian et le système al) en réécrivant un corpus d’extraits du Code du travail portant sur le régime juridique de la « femme salariée enceinte », tant ce statut est propice aux discriminations. L’analyse invite à poursuivre une réflexion sur l’inclusivité du droit et des textes juridiques en lien avec l’applicabilité de la norme juridique.

Chacun des articles de ce numéro montre à quel point l’étude des représentations des corps ne peut se faire sans une analyse des normes et rôles de genre et de leurs conséquences sur les pratiques sociales et les expériences subjectives. En proposant de nouvelles perspectives ou pistes de lecture, les contributions montrent la nécessité de remettre en question et de proposer de nouvelles recherches sur les genres, les normes et les corps dans toute leur diversité et rappellent « le pouvoir radical qu’a la littérature [et par extension, peut-être tout acte de représentation qui s’insère dans une relation dialogique avec ses normes] de déplacer notre horizon des possibles » (Chatterjee 162, nous traduisons).

Contributions réunies par Leslie de Bont, avec la collaboration de Delphine Sangu.


Notes

[1] « Standards and expectations to which women and men generally conform, within a range that defines a particular society, culture and community at that point in time » (nous traduisons). https://eige.europa.eu/thesaurus/terms/1194 Consulté le 1er septembre 2022.

[2] Gender norms [a]re defined as the socially constructed and accepted roles and stereotypes ascribed to gender.

 

Bibliographie

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Mis à jour le 27 mars 2023.
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